SOCIÉTÉS ET MILIEUX PRÉHISPANIQUES

Les recherches se concentrent sur la compréhension des évolutions climatiques de long terme et des adaptations des sociétés à ces changements, d’une part ; sur les relations entre groupes humains partageant ou occupant successivement un même territoire ; et sur les échanges multiculturels, d’autre part. Dans le cadre de la restructuration des axes conjoints IFEA-CEMCA, les migrations et les mobilités font l’objet d’une attention particulière.

Les recherches de l’IFEA intègrent, pour traiter de ces différents thèmes, les avancées technologiques contemporaines, à partir de l’utilisation de l’archéométrie, la dendrochronologie, des images satellite et aériennes (drones) et des Systèmes d’Information Géographique (SIG).

Les projets de l’IFEA sont menés en partenariat avec des universités et institutions de recherche françaises et des pays andins. L’histoire politique mouvementée du sous-continent a parfois entravé ces recherches qui se font souvent loin des villes, voire loin des axes de communication. Cela a été le cas au Pérou dans les années 1980-1990 et l’est encore en Colombie, où l’archéologie française travaille en partenariat avec l’ICANH.

Le développement de travaux pensés à l’échelle de la cordillère, du littoral pacifique ou des basses terres orientales est également une nécessité, à la fois pour comprendre les logiques de circulation des savoirs, des techniques et des personnes et pour saisir les particularités de chacune des histoires locales et régionales. C’est pourquoi l’IFEA accueille volontiers les projets qui dépassent les frontières nationales.

 

PROJETS COLLECTIFS AU SEIN DE L’AXE

 

Andean Potter’s Knowledge: Ceramic Production, Circulation and Use in Southern Ecuador and Northern Peru” (2021-2023)

 

Co-responsables : Gabriel Ramón (PUCP), Martha Bell (PUCP), Catherine Lara (IFEA)
Financement : Material Knowledge Programme (British Muséum)

L’objectif de la recherche est de documenter en détail les traditions potières actuelles de 6 villages de potiers installés entre le sud de l’Equateur et le nord du Pérou, une région qui partage des liens historiques étroits, bien qu’encore peu étudiés du point de vue de la culture matérielle.
Le projet comprend deux volets : d’une part, un travail de terrain dans les villages sélectionnés, dans le but d’enregistrer le travail des potiers par le biais de photos, d’enregistrements vidéo et d’interviews audio. Cette phase a débuté en juin 2022, dans les communautés de Cuzcudén et Mollepampa (Cajamarca). L’autre volet de la recherche concerne la documentation photographique de collections de céramiques ethnographiques conservées dans des musées. Cette phase du travail a commencé entre novembre et décembre 2021, avec l’enregistrement de la collection Sabogal Wiesse principalement constituée de pièces originaires de Piura, et actuellement conservée au Musée National de la Culture Péruvienne à Lima.
Collaborations institutionnelles : British Muséum (Royaume-Uni), PUCP

 

Les impacts des colonies mitmaq au sud de l'Équateur à l'époque inca. Exploration à partir des technologies de production céramique à San Miguel de Porotos (province de Cañar, Équateur)

 

Dirigée par Tamara Bray (Wayne State University) et Catherine Lara (IFEA), cette recherche est parrainée par la fondation allemande Gerda Henkel et la Society for American Archaeology (SAA)

En 1582, le fonctionnaire espagnol Gallegos rédige un document dans lequel il mentionne les célèbres ateliers de poterie créés par les Incas dans les environs du hameau actuel de San Miguel de Porotos. Située à l'origine en territoire de Cañari, cette zone avait en fait été conquise par les Incas vers le milieu du XVe siècle. Selon Gallegos, les artisans de ces ateliers étaient des mitmaqkuna, c'est-à-dire, des personnes déplacées provenant d'autres régions de l'empire inca. Cette pratique faisait partie des stratégies déployées par les Incas pour assurer le contrôle des territoires conquis. Les ateliers de poterie jouaient un rôle clé dans ce dispositif.
Bien que ces différents mécanismes de contrôle soient connus dans les grandes lignes, ils font état de variantes en fonction des localités conquises, encore mal connues (comme dans le cas du territoire Cañari). Cette question constitue la problématique principale de cette recherche à San Miguel, dont la première campagne avait pour objectif spécifique de commencer à localiser les éventuels ateliers de poterie mentionnés par Gallegos dans le secteur, et d'essayer de comprendre leur fonctionnement dans le contexte de la domination inca.
Collaborations institutionnelles : Fondation Gerda Henkel (Allemagne), Rust Foundation, SAA et H. and T. King Grant for Precolumbian Archaeology, Wayne State University (États-Unis)

 

Projet Archaeological Lake Titicaca Inventory – mapping - ALTIplano

 

Co-porté et co-financé par l’IFEA et Archaïos et co-dirigé par Christophe Delaere et Romuald Housse

Le projet a pour ambition de synthétiser près d'un siècle de recherches archéologiques sur la périphérie du lac Titicaca, et plus globalement sur l'Altiplano péruvien et bolivien. Bien que culminant à plus de 4000 mètres d'altitude, cette région au climat rigoureux et aux conditions de vie a priori inhospitalières est pourtant l'un des plus anciens foyers de peuplement de la région andine. En effet, aujourd'hui vaste zone frontalière entre le Pérou, la Bolivie, le Chili et l'Argentine, l'Altiplano était autrefois un véritable carrefour d'échanges et de contacts où ont émergé certaines des cultures les plus complexes de l'histoire précolombienne.
Le projet vise, à travers la réalisation d'un webGIS interactif, la création d'une carte archéologique exhaustive et inédite de cette région pour pallier le manque crucial de synthèse et d'harmonisation des recherches antérieures. L'apport des nouvelles technologies pour l'analyse et l'interprétation des données permettra d'avancer de nouvelles hypothèses, mais surtout d'établir de nouvelles pistes de réflexion concernant la chronologie régionale, la dynamique du peuplement, mais aussi les changements climatiques et leurs répercussions sur les pratiques agropastorales et les stratégies d'installation mises en oeuvre par les populations. Le projet ALTI-plano ambitionne ainsi de créer une importante carte archéologique, conçue comme un outil pour aider au développement des futures recherches, mais aussi celle des infrastructures de gestion patrimoniales et touristiques.

 

Histoire de l’archéologie à l’IFEA

 

L'objectif du projet était de s'interroger sur le rôle de l'IFEA dans la pratique archéologique andine (et l'évolution de ce rôle), par rapport à la notion de « diplomatie scientifique » mise en avant par le MEAE, et aux attentes des différents interlocuteurs andins de l'IFEA.

Pour ce faire, Thibault Saintenoy et Catherine Lara ont passé en revue l'histoire des projets archéologiques soutenus ou encadrés par l'IFEA, les thématiques des publications archéologiques éditées par l'IFEA, ainsi que les profils et les thèmes de recherche concernant les boursiers européens et andins financés par l'institution. La préparation de cette communication a également compris 12 entretiens impliquant diverses personnalités rattachées à l'IFEA :

• Stéphanie Salha (Cheffe du pôle Sciences humaines et sociales, Archéologie et patrimoine, Sous-direction de l’enseignement supérieur et de la recherche (DCERR/ESR) du MEAE)

• Aliocha Maldavsky, Yves Saint-Geours, Gérard Borras, Évelyne Mesclier, Jean Vacher (Directrice actuelle et anciens directeurs)

• Aïcha Bachir-Bacha, Peter Eckhout, Nicolas Goepfert, Vincent Chamussy, Anne-Marie Brougère (Chercheurs/collaborateurs)

• Sonia de Andreis (Boursiers)

Thibault Saintenoy et Catherine Lara souhaitent mettre en valeur les résultats de ce travail par le biais de la création d'un story map qui sera réalisé sur ArcGIS online, grâce à la licence accordée par HumaNum à l'IFEA. Cette option offre l'avantage de présenter au public un contenu dynamique, accessible, facilement actualisable, tout en comptant sur un support qui peut aisément être publié.

 

GROUPES DE TRAVAIL

 

Andes Septentrionales : Archéologie et histoire

 

Participent : Claudia Afanador (Universidad de Nariño, Colombie), Ángelo Constantine (Université Polytechnique du Littoral, Équateur), Daniela Balanzátegui (University of Massachusetts, États-Unis), Heimar Cortés, Alejandro Bernal (consultants indépendants, Colombie), Felipe Cárdenas (chercheur émérite, Colombie)

L’objectif de ce groupe de travail est de mettre en place un cycle d’ateliers virtuel soutenu par l’IFEA, autour des contributions récentes concernant cinq axes de problématiques actuellement dominantes dans la recherche archéologique des Andes Septentrionales : archéologie historique, nature de la domination inca, interactions hautes terres/basses terres, chronologie, transition Archaïque/Formatif.

Blog hypothèses

 

Ethnographie potière et archéologie andine

 

Participent : Angela Cadena (Universidad de Caldas, Colombia), Daniela Castellanos (Universidad Icesi, Colombia), Sthefano Serrano (Museo Arqueológico de Perucho, Ecuador), Mario Brazzero (Universidad del Azuay, Ecuador), Florencia Ávila (CONICET, Argentina), Juan Villanueva Criales (Museo Nacional de Etnografía y Folklore, Bolivia), Guillermo De la Fuente (Universidad Nacional de Catamarca, Argentina), Gabriel Ramón (PUCP, Perú)

Ce groupe s’est consolidé suite à 2 sessions de colloques organisées en 2018 et 2019. Les communications présentées ont été publiées dans un numéro spécial du Bulletin de l’Institut Français d’Études Andines, paru en juin 2021 (tome 49/1) et dont le lancement a eu lieu en ligne en juillet 2021. L’objectif du groupe est de dresser un panorama des enquêtes ethnographiques passées et présentes menées dans les communautés potières de l’aire andine, afin de compter sur un corpus de données solides, permettant de réfléchir sur les différentes façons dont l’archéologie régionale incorpore actuellement ces informations à ses interprétations, et aux écueils auxquels cette démarche peut faire face. Un blog Hypothèses est en cours de construction afin d’accompagner les activités du groupe, dont l’objectif est de poursuivre les rencontres et les publications autour des principaux questionnements concernant la place de l’ethnographie potière dans l’archéologie andine.

 

PROJETS INDIVIDUELS

 

Aïcha Bachir Bacha - archéologue, ingénieure de recherche à l’EHESS, Mondes américains

Responsable du Projet archéologique « «Ánimas Altas»

Nicolas Goepfert- UMR 8096 Archéologie des Amériques

Responsable du projet archéologique « Vicus »

Catherine Lara - Chercheure IFEA - Contrat MEAE

1 500 ans de dynamiques culturelles au nord du Pérou : passé et présent des producteurs de céramique paleteada

Thibault Saintenoy - Maître de conférences à l’Université des Antilles

Responsable du projet archéologique « Redes Andinas »