Projet patrimoine de la vallée du Sondondo

 

Brochure du projet

CONTEXTE

Le projet Patrimoine de la vallée du Sondondo est né de l’initiative de l’association française Les Amis du Patrimoine, dont l’objectif est de faire connaître à la communauté internationale le patrimoine culturel d’une vallée des Andes. Celle-ci, la “Vallée du Sondondo”, est située dans le centre-sud du Pérou, entre 2500 et 5000 mètres d’altitude, dans les provinces de Lucanas et Sucre, département d’Ayacucho. Six municipalités, Aucará, Cabana, Carmen Salcedo, Huaycahuacho, Chipao et Huacaña sont regroupées dans cette entité qui correspond aux bassins-versants des rivières Sondondo, Negromayo et Mayobamba.
Ayacucho a été l’épicentre du conflit interne qui a embrasé le Pérou dans les années 1980 et 1990, l’affrontement entre un mouvement de guerilla d’inspiration maoïste et l’État faisant des dizaines de milliers de victimes, entre civils et belligérants. Une grande partie de la population de la vallée a alors migré vers la capitale, Lima, ou vers le piémont côtier de la cordillère, en quête de sécurité et de travail. Malgré le retour à la paix, les taux d’émigration restent aujourd’hui élevés chez les jeunes. La principale activité économique est l’agriculture, sur de petites exploitations, avec des débouchés commerciaux limités.
La Vallée du Sondondo a ainsi pu être identifiée comme un espace d’intérêt patrimonial particulier. L’église d’Aucará a été déclarée patrimoine culturel de la nation par le ministère de la Culture en 2011. En 2019, la Vallée est reconnue comme « itinéraire culturel d’intérêt »par le Ministère du Tourisme et déclarée d’intérêt national par le congrès. Un dossier d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO est en cours de préparation. Cette reconnaissance se fonde sur une appréhension systémique de la Vallée comme « paysage culturel vivant », qui associe des éléments naturels à son anthropisation. En effet, cette zone se caractérise par ses impressionnantes terrasses de culture, ses systèmes complexes d’irrigation, ses villages de réduction d’origine coloniale, avec leurs églises baroques rurales et leurs chapelles. On peut aussi souligner l’ancienneté des vestiges liés à l’élevage de camélidés dans la puna et le nombre et l’importance des sites archéologiques, dans un cadre naturel de montagnes, de lacs et de canyons, qui comprend des points d’observation des condors.

 

 

Cependant, la vallée est aujourd’hui mal reliée au reste du territoire national. Des pistes permettent d’accéder à une grande partie des éléments marquants du paysage culturel, mais cet ensemble est mal connu et s’est dégradé plus rapidement pendant et après le conflit armé.
En 2019, pendant la semaine de l’Amérique Latine à Paris, Les Amis du Patrimoine présente l’état de dégradation des peintures coloniales des XVIIe et XVIIIe siècles abritées par l’église d’Aucará. Attaquées par un champignon, ces œuvres, dont « La Virgen del Carmen y Las Almas Penitentes del Purgatorio », étaient en train de disparaître. Une équipe de restauration française part alors mener une opération de sauvegarde de la toile, lors d’un séjour d’un mois, financé grâce à la mobilisation de la collectivité péruvienne et française.

Dans la continuité de cette expédition, l’IFEA et l’association les Amis du Patrimoine ont obtenu l’appui de l’ambassade de France au Pérou pour mettre sur pied un projet de réhabilitation et de sauvegarde du patrimoine de la vallée. Des financements FSPI (Fonds de solidarité pour les projets innovants) et ALIPH (Fondation Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit, qui intervient pour la première fois en Amérique du Sud) ont été obtenus en 2020. Le projet compte sur l’appui du ministère de la Culture péruvien, de l’archevêché d’Ayacucho, d’Icomos-Pérou.

 

LE PROJET

 

Le projet Patrimoine de la vallée du Sondondo a été inauguré à Lima le 4 août 2020. En raison de la crise sanitaire, le projet, prévu pour les années 2020 et 2021, n’a pas pu commencer avant septembre 2020 après son inauguration officielle. Toutefois, une grande partie des activités prévues ont pu être entreprises. La nécessité de procéder avec prudence pour ne pas être un vecteur de contagion pour les communautés de la Vallée du Sondondo a cependant obligé les différents acteurs du projet à mener leurs activités à distance, ce qui, dans une première période du projet, ne constitue pas un frein à son développement.

l’IFEA est chargé de la coordination du projet, de son développement scientifique (en histoire et en archéologie) ainsi que de l’étude des perspectives de valorisation patrimoniale et touristique.

 

 

Dans ce cadre, la proposition de recherche scientifique de l’IFEA est résolument pluri et interdisciplinaire. Si les églises et leurs tableaux sont au départ du projet, la recherche scientifique s’intéresse en priorité aux populations locales qui les ont construites, ce, dans une perspective archéologique, historique et anthropologique. Les chercheurs entendent retracer l’histoire de ce territoire, en commençant par la configuration ethno-politique des populations qui habitaient la vallée avant l’arrivée des Espagnols, ainsi que par les changements survenus après la première présence hispanique, qui ont reconfiguré les relations culturelles, politiques, économiques, sociales et religieuses, ainsi qu’au milieu physique, du XVIe siècle de notre ère à nos jours. Cela suppose une collaboration étroite entre les disciplines. Les vestiges matériels étudiés par les archéologues doivent permettre d’expliquer le paysage religieux andin, les premiers temples coloniaux de la vallée du Sondondo, ainsi que les vestiges domestiques de la première occupation hispanique de la vallée. Ce matériel archéologique est complété par des recherches inédites dans des archives des communautés paysannes et quatre fonds d’archives paroissiaux présents dans la vallée, en plus des archives nationales et régionales, afin d’établir un diagnostic documentaire. Des ethnographies sur l’organisation socioculturelle et le système de vie communautaire permettront de compléter ces données, en donnant leur place aux récits et histoires transmis par la tradition orale. Enfin, les chercheurs identifieront des circuits potentiels de routes et de chemins pour valoriser le patrimoine et les opportunités de développement touristique : cette information sera rendue accessible par le biais de plates-formes audiovisuelles sur Internet. Les résultats des recherches seront diffusés dans des publications académiques et de vulgarisation auprès des habitants de la vallée du Sondondo et des citoyens en général.

L’association les Amis du Patrimoine concentre, quant à elle, ses efforts sur la protection du patrimoine architectural, artistique et immatériel des quatorze églises principales de la Vallée du Sondondo, à travers des actions de prévention et de valorisation par les collectivités locales, en lien avec les chercheurs et des experts en architecture et restauration. Pour étudier le patrimoine artistique de la vallée et nourrir l’histoire des toiles coloniales situées dans l’église d’Aucará, un premier inventaire photographique des biens meubles contenus dans chacune de celles-ci a été effectué, qui complétera la recherche historique. Deux groupes de conservateurs provenant de Cuzco et de Lima ont la tâche de stabiliser huit grands tableaux, selon une méthodologie présentée au ministère de la Culture péruvien. Dans une deuxième étape, une équipe française prendra la relève. Avant de commencer des travaux de conservation des toits, l’association est en train d’établir des plans actualisés. Priorité est donnée aux professionnels originaires de la vallée dans la composition des équipes de travail qui effectuent les mesures : cette inclusion des habitants dans la réhabilitation du patrimoine constitue une dimension essentielle du projet. 

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Texte inspiré par l'article "Vers la réhabilitation du patrimoine de la Vallée du Sondondo, une recherche-action", écrit par Aliocha Maldavsky, directrice de l’IFEA; Silvia Dana-Echevarria, presidente de l’association Les Amis du Patrimoine et Évelyne Mesclier, directrice de l’IFEA (2016-2020) et publiée dans la Lettre d’information – INSHS Nº71, pág. 29-31[1]

 

BLOG DU PROJET (EN ESPAGNOL)

 

VIDÉO DE LANCEMENT DU PROJET

 

 

ÉQUIPE DU PROJET

 

Comité de pilotage

Laetitia Quilichini, Conseillère de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France
Aliocha Maldavsky, directrice de l’IFEA - coordination scientifique
Cécile Hubert, coordinatrice administrative et financière
Madhia Siari , representante d'ALIPH
Silvia Dana-Echevarria, présidente des Amis du Patrimoine
Janie Marile Gómez Guerrero, viceministre de Patrimonio Cultural e Industrias Culturales
Filiberto Canales Aguilar, presidente de la Mancomunidad del VS y alcalde de Aucará
Pedro Flores Astovilca, président de la Mancomunidad del VS et maire d'Aucará
José Hayakawa, président d'ICOMOS
Clark Asto, antropologue et coordinateur scientifique adjoint du projet

Comité scientifique

Catherine Lara, archéologue, docteure en préhistoire
Cécile Michaud, docteure en histoire de l’art
Évelyne Mesclier, docteure en géographie
Gabriela Ramos, docteure en histoire
Jeffrey Gamarra, docteur en anthropologie
José Canziani, architecte, docteur en urbanisme et en art des édifications
Juan Carlos Estenssoro, docteur en histoire
Nicolas Merveille, gestion de l’environnement, doctor en anthropologie sociale
Rocio Bruquetas, docteur en histoire de l’arte, restauratrice et conservatrice
Irma Barriga, master en histoire et spécialiste de l'art colonial
Adriana Scaletti, architecte

Équipe de recherche archéologique
Abel Traslaviña, doctorant en archéologie et coordinateur de l'équipe d'archéologues
Erick Casanova, archéologue
Grecia Roque, archéologue
María Eugenia Zamora, archéologue
María Laura Zamora, archéologue

Équipe de recherche documentaire historique
Edwin Gonzales, historiador - Lima  
Javier Velarde, historiador - Ayacucho
Camila Núñez y Mariana Reyes, stagiaires de recherche en histoire

Équipe chargée de la mise en valeur du patrimoine et des possibilités de développement audiovisuel
Claudia Cecilia Chavez Levano, productrice audiovisuelle
Dominique Riva-Roveda, guide officiel de tourisme et guide de montagne
Gabriela Sabina Urco Canales, productrice, communication
Melanie Beth Muedas Mejía, réalisatrice, communicatrice audiovisuelle
Nicolás Landa Tami, producteur et Directeur de photographie
Paul Christian Guerra Lozada, communication audiovisuelle, clown
Mario Kuski Zanatta Salvador, Dramaturge, enseignant, chercheur en théâtre
Sébastien Jallade, réalisateur
Yuri Vanessa Ccencho Atauje, analyste
Yanira Ccencho Atauje, professeur de quechua - Éducation avec spécialisation dans l'enseignement primaire
Clark Roosevel Asto Campos, professionnel en Sciences sociales, anthropologue
Heber Cupe Oropeza, spécialiste des modalités du tourisme

Équipe de Réhabilitation des Eglises Coloniales-Patrimoine Architectural
Patricia Navarro - Grau, architecte spécialiste en églises andines
Silvia Quinto, architecte, membre d’Icomos
Gabriela Ccencho, architecte
Laura Quintana, architecte
Greta Cconislla, assistante en architecture
Martin Curo, ingénieur logistique

Équipe de Conservation Tableaux XVIIe -Patrimoine Artistique
Lorena Olazabal, Mg. en Gestion du Patrimoine, coordinatrice
Erika Aliaga, conservatrice-restauratrice (Cuzco)
Richard Chahuin, conservateur-restaurateur (Cuzco)
Andrea De Echave, conservatrice-restauratrice (Paris)
Rocio Huayllapuma, conservatrice-restauratrice (Cuzco)
Virginie Lemaître, conservatrice –restauratrice (Paris)

 

ACTIVITÉS ET RÉSULTATS

Recherche

 

Le patrimoine historique de la vallée de Sondondo

Les recherches historiques menées par le projet patrimoine de la vallée de Sondondo ont mobilisé archéologues et historiens dans deux axes de travail. La première s'est concentrée sur l'étude des vestiges matériels de la transition entre la période inca et l'occupation espagnole dans la vallée de Sondondo, en prenant en compte l'espace domestique et l'espace public-cérémoniel. La recherche historique vise à contribuer à une vision large et représentative de la reconfiguration sociale, politique, religieuse et économique pendant l'occupation hispanique.

L'équipe d'archéologie a mené des explorations à distance en 2020 et au début de 2021 et a effectué des travaux sur le terrain entre mai et août 2021, en se concentrant sur les districts d'Andamarca (Caniche), Chipao (Chipaomarca), Cabana (Jincamoqo et Santa Isabel) et Aucará (Jasapata). Ils ont développé des hypothèses soulevées par des recherches antérieures sur les premières chapelles catholiques qui ont précédé, au XVIe siècle, la construction des églises et villages actuels de la vallée. Ils ont également mis à jour les informations sur les monuments des zones de haute altitude, comme l'ushnus à Osqonta.

L'équipe d'histoire s'est concentrée sur la recherche documentaire dans les archives historiques locales, régionales, nationales et étrangères qui détiennent des informations sur la vallée depuis l'arrivée des Espagnols jusqu'au XXe siècle. La première étape de la recherche a consisté à produire un guide de ces sources, afin de les mettre à la disposition du public intéressé. Dans un deuxième temps, une partie de la documentation religieuse correspondant aux quatre archives paroissiales de la vallée de Sondondo a été publiée en ligne par la Fundación Neogranadina.

- Art rupestre, périodes lithique et archaïque dans la vallée de Sondondo (en espagnol)

- La occupation Wari dans la vallée de Sondondo (en espagnol)

- EÉtats régionaux et empire Tahuantinsuyo dans la vallée du Sondondo (en espagnol)

- Les espagnols et l'organisation des anciens peuples de la vallée du Sondondo

- Anciennes chapelles et doctrines ecclésiastiques (en espagnol)

- L'encomienda indienne des Rucanas Andamarcas et les doctrines ecclésiastiques de la vallée du Sondondo (en espagnol)

- La vallée de Sondondo dans les archives historiques (en espagnol)

- Mission auprès du tribunal de paix de Chipao (en espagnol)

- Mission aux archives de Cabana et Aucará (en espagnol)

 

Yachaykusun Proyecto Patrimonio Valle Sondondomanta

LLa nécessité de communiquer des informations documentaires, archéologiques, ethnographiques et audiovisuelles sur le patrimoine culturel des communautés réunies par le projet du patrimoine de la vallée de Sondondo a conduit à la conception de l'expérience d'apprentissage (EdA)"Yachaykusun Proyecto Patrimonio Valle Sondondondomanta" [Apprenons à connaître le projet du patrimoine de la vallée de Sondondo], destinée à la population étudiante de la commune de la vallée. Yachaykusun consiste en des sessions d'apprentissage sur les recherches du projet, qui auront lieu entre juin et août 2022, dans six écoles du district de la vallée de Sondondo. Ces établissements d'enseignement sont composés d'élèves du secondaire provenant de différentes communautés de la vallée. Yachaykusun présentera, de manière pédagogique, des thèmes d'histoire, d'archéologie, d'anthropologie et de routes des communautés de la vallée, en particulier des 14 considérées par le projet, contribuant ainsi au développement éducatif des peuples de la vallée. L'équipe de travail qui a réalisé les sessions est composée de Yanira Ccencho (yachachiq/professeur natif de Quechua), Edwin Gonzales (historien), Grecia Roque (archéologue), coordonnée par Clark Asto (anthropologue et membre de la communauté Quechua), qui ont travaillé sur le projet et se joignent à cette nouvelle étape de diffusion de la recherche.

 

    Projection sociale

Le projet de patrimoine de la vallée de Sondondo a pour objectif d'établir un guide numérique librement accessible afin de proposer des itinéraires et des routes aux habitants et aux visiteurs de la vallée, en explorant la diversité des chemins : dans le passé et dans le présent, aussi bien les routes incas que celles des llameros, ainsi que les routes migratoires d'aujourd'hui. Ce scénario a permis d'articuler les projets audiovisuels et de cartographie numérique sous un thème commun, celui de travailler sur la vallée de Sondondo en tant qu'unité territoriale et culturelle. Cela signifie que, pour la première fois, les routes de la vallée auront une présence numérique intégrée au réseau. Nous avons abordé l'idée des chemins à travers la participation des gens. De jeunes professionnels de la vallée ont construit des itinéraires en collaboration avec les villageois et les autorités communales. Après plusieurs mois de travail à distance, d'échange de visions et d'expériences, une mission de terrain d'un mois a été effectuée, mêlant phases de marche et travail de bureau.

Cartographie numérique (en espagnol)

Routes virtuelles (en espagnol)

Ateliers avec les communautés (en espagnol)

 

Collectif Vallechallay (en espagnol)

 

 

Réseaux sociaux du collectif: Youtube // Facebook // Instagram //Tik Tok 

 

INSTITUTIONS PARTENAIRES