PATRIMOINES, PRATIQUES Y REPRÉSENTATIONS
Cet axe s’articule autour des savoirs et des questions de mise en patrimoine de la nature et de la culture. Au cœur de ces préoccupations, on retrouve l’évolution des systèmes conceptuels, des pratiques et des représentations que les sociétés ont élaborées dans les Andes, notamment à partir de la conquête espagnole. Ces constructions sont étudiées à travers les langues autochtones, la musique, les archives des voyageurs, le langage du politique, la presse ou encore les imaginaires nationaux.
Les problématiques actuelles mettent en exergue notamment la question de la circulation et des échanges. Sous cet angle d’approche, les chercheurs montrent comment concepts et pratiques relient les espaces coloniaux et la péninsule ibérique, en connexion plus largement avec le reste du monde. Ils s’intéressent à la diffusion des langues autochtones, à leur diversification et à leurs contacts réciproques, ou encore à l’apparition des musiques liées au culte de saints catholiques dans les Andes. Ils abordent également l’émergence ou le renforcement à l’époque contemporaine de la présence d’acteurs culturels comme les institutions chinoises ou les groupes s’identifiant à l’islam.
Le renouvellement des problématiques et des approches concerne aussi des dimensions politiques de l’histoire. Ainsi, les chercheurs interrogent la construction des imaginaires qui ont présidé entre autres aux délimitations des territoires nationaux, thématique particulièrement importante dans le cadre des commémorations en cours et à venir des Bicentenaires des Indépendances dans les pays andins.
Les recherches contemporaines s’appuient sur les avancées technologiques récentes comme la numérisation de gestuelles et la création de bases de données internationales. Beaucoup des projets de recherche de l’axe incorporent une dimension de sauvegarde de la mémoire des sociétés : archives sonores de la musique populaire, enregistrements des musiques et chants des communautés andines en Bolivie, en Équateur et au Pérou, normalisation de l’alphabet de la langue cachinawa. Elles comportent également des dimensions de diffusion vers le grand public, avec par exemple la rédaction de manuels de langue ou la participation à la présentation de collections d’art.
Aux recherches sur les langues amérindiennes et leurs traditions, les littératures écrites et orales, les pratiques artistiques, s’ajoutent aujourd’hui des travaux portant sur les techniques envisagées sur la longue durée, sur les savoirs agro-écologiques au sein des communautés rurales, sur les interfaces entre environnement et tourisme, sur les politiques de la nature ou encore sur le développement durable.
PROJETS COLLECTIFS
Complexité linguistique et transmission des savoirs
César Itier - INALCO
Ce programme regroupe des recherches sur les langues amérindiennes et leurs littératures orales et écrites, depuis les disciplines de la linguistique, l’anthropologie linguistique et la philologie. Un objectif essentiel de ce programme est de promouvoir et d’encadrer des recherches de terrain visant à continuer et approfondir le travail de description et de documentation des langues autochtones des pays andins. Ce travail de documentation s’étend aux traditions discursives propres à chacune de ces langues, notamment à leurs patrimoines traditionnels oraux, voire à des créations écrites prolongeant les oralités indigènes.
Rencontres Équinoxiales : sur les traces de la 2ème Mission Géodésique Française en Équateur (1901- 1906)
IFEA - Centre d’études équatoriennes, Université Paris Nanterre (2021-2026)
Le projet a été mis en place dans le cadre des activités de commémoration de la présence de la Deuxième Mission Géodésique Française en Équateur, qui auront lieu entre 2021 et 2026 sous l'égide de l'Ambassade de France en Équateur, la Academia Nacional de Historia del Ecuador et le Ministère des Affaires Étrangères équatorien. L'objectif de ce projet est de constituer une équipe pluridisciplinaire et internationale de chercheurs et d'étudiants dans le but d'exploiter en profondeur le vaste corpus d'archives correspondant à la Deuxième Mission. En octobre 2022, une mission en Equateur a permis à Catherine Lara et Aliocha Maldavsky de rencontrer les acteurs équatoriens du projet, notamment le personnel des archives du ministère des affaires étrangères. En 2022, l’accent a été mis sur la numérisation des fonds d’archives utiles au projet, aussi bien en France qu'en Équateur (les archives équatoriennes étant les moins connues et les plus susceptibles de révéler des éléments novateurs, notamment concernant le rôle joué par les acteurs locaux dans le déroulement de la mission). Deux fonds d’archives ont déjà été ciblés :
-Le Ministère des Affaires Étrangères de l'Équateur a digitalisé la correspondance concernant les échanges diplomatiques entre les gouvernements français et équatorien autour des préparatifs de la mission. Voir le fonds numérisé.
-Grâce à Pascal Riviale, archiviste aux Archives Nationales, un stagiaire de l’université Paris Nanterre a travaillé au catalogue du fonds documentaire
Projet Awasun (q. ‘tissons’)
Membres du projet : Aliocha Maldavsky, María Elena del Solar (coordinatrice), Aïcha Bachir Bacha, Sophie Desrosiers, Catherine Lara, María Jesús Jiménez, rejointes par Caroline Nautré et Vanessa Bernal.
Le but de ce projet ethnoarchéologique et interdisciplinaire à long terme est de documenter les traditions textiles andines afin d’appréhender leurs rôles au sein des structures sociales locales et régionales, depuis l’époque précolombienne jusqu’à nos jours. L’objectif est de construire un système cartographique numérique permettant une information agile et géo-référencée, utile aux chercheurs comme à un public plus large, sur l'univers textile des Andes centrales. Le projet couvre les périodes préhispanique, coloniale, républicaine, ethnographique et contemporaine, et considère fondamentalement le territoire péruvien et l'extension de ses frontières culturelles.
La première phase du projet a bénéficié d’un financement d’EUNIC et concerne la cartographie des lieux de conservation des textiles andins en Europe. Les membres du projet appartiennent à des disciplines liées aux sciences humaines et sociales, et certaines d'entre elles vivent régulièrement ou temporairement à Paris.
Après avoir analysé les besoins d'Awasun, contrastés avec l'offre disponible (ArcGys, Heurist, techniciens PUC...), l’équipe a opté pour Heurist, un système de technologie numérique visant à faciliter l’élaboration de bases de données avec des applications cartographiques. L’équipe bénéficie des conseils d'Eric Mermet et d'Angelo Odore, tous deux experts à l’EHESS des outils numériques appliqués aux sciences sociales. Le projet progresse vers une carte polyvalente adaptée aux besoins tant des chercheurs que du public intéressé par la diffusion de l'art textile des Andes centrales.
PROJETS INDIVIDUELS
Gérard Borras - CELLAM - Université Rennes 2
Eliane Camargo - IFEA, Perú - Ipê - Association pour le dialogue interculturel
Isabelle Combès- EHESS
Juan Carlos Estenssoro Fuchs - Université Paris Sorbonne Nouvelle - CRAEC
Sébastien Jallade - Coordonnateur de l’axe projection sociale du Projet Patrimoine de la vallée du Sondondo
Aliocha Maldavsky - IFEA - Mondes Américains
Philippe Picone - Université catholique de l’Ouest (UCO), Angers
Pascal Riviale - Archives Nationales (Francia)
Sylvie Taussig- CNRS: Islam mondialisé, religions au Pérou, complotisme
Emmanuelle Sinardet - Université Paris Nanterre, Centre d'études équatoriennes / CRIIA - EA 369 - UR Études romanes